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14 septembre 2022 3 14 /09 /septembre /2022 21:36

1) Garantir la paix dans le monde "for all the people"....?

 

Imagine there's no heaven It's easy if you try No hell below us Above us, only sky
Imagine all the people Livin' for today Ah
Imagine there's no countries It isn't hard to do Nothing to kill or die for And no religion, too
Imagine all the people Livin' life in peace You
You may say I'm a dreamer But I'm not the only one I hope someday you'll join us And the world will be as one
Imagine no possessions I wonder if you can No need for greed or hunger A brotherhood of man
Imagine all the people Sharing all the world You
You may say I'm a dreamer But I'm not the only one I hope someday you'll join us And the world will live as one
 
 
2) Exposer la vie des "people" mais aussi des "peuples" entiers en toute transparence...?  ou maintenir une distinction entre "peuples exposés" et "peuples figurants"...? Mais qui regarde...?
 

L'amour en vitrine...? Public or private image limited or extended...? Mais se pose toujours la question des spectateurs et du droit de regarder... et de la "logique" des observateurs... Contrepied paradoxal et provocateur du PIL de Johnny Lydon... avec notamment "This is not a love song" (si je me souviens du titre)...

 

Parfois , "people are strange" chantaient aussi The Doors...

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 14 et 15 septembre 2022.

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14 septembre 2022 3 14 /09 /septembre /2022 12:22

Public (?) or private (?) image limited (?) or extended (?)... Ou, pour reprendre sommairement le titre du quatrième volet de la série "L'Oeil de l'histoire" éditée aux Editions de Minuit par le critique d'art et historien de l'image Georges Didi-Huberman : "Peuples exposés," (et/ou) "peuples figurants"... (?) Dans le cadre d'une "géopolitique des passions françaises" ou, plus largement, d'une étude des "peuples au miroir du Monde", on peut tenter de mesurer la visibilité des peuples les uns par rapport aux autres au sein de sociétés de plus en plus interconnectées et médiatisées à l'échelle internationale et au sein d'une même civilisation mondialisée de l'image qu'ont permis les progrès de l'informatique et de l'internet au-delà des modes de communication plus anciens ou plus traditionnels. Le Royaume-Uni à l'occasion du décès et de la succession d'Elizabeth II peut fournir un cas d'espèce. A cet égard, il faut distinguer les peuples saisis à leur échelle nationale ou bien en fonction de leurs catégories sociales. Comment donc ainsi envisager le Royaume-Uni à travers sa monarchie, son(/ses) peuple(s), sa ou ses "nations"...? Quelles images ou représentations en retirer aux yeux des uns et des autres...?

 

Détour par l'Iran... ces questions, je me les étais déjà posées en 1990 et 1991 à travers des mémoires d'histoire sur La Révolution iranienne au miroir de la presse française"  et, plus largement, sur L'Opinion française et l'Iran depuis 1945. Pour ce qui était du contenu des représentations, il s'agissait de dégager une "imagologie interculturelle" de l'Iran. C'est-à-dire, selon l'essai de Jean-René Ladmiral et Edmond Marc Lipiansky sur La communication interculturelle (Paris, Armand Colin, 1989) : "l'analyse sémiotique et socio-historique des identités nationales", la science ou la logique des images qui "analyse le contenu des représentations collectives qu'un peuple se fait d'un autre (hétéro-images) et de lui-même (auto-images)." Mais comment procéder ? et comment préciser encore mon objet ou sujet d'étude? En complément, je mettais en exergue une problématique à la Prévert inspirée de son texte La balade de Picasso dite en son temps par Yves Montand. Ainsi :

 

<< Un "peintre de la réalité" veut peindre une pomme. Or, la pomme ne se laisse pas peindre telle quelle : insensiblement elle bouge, se met en scène, se donne les "apparences de la réalité". Le point de vue du peintre se modifie à son tour, l'observateur se trouble. Surgissent des "associations d'idées charitables et redoutables de charité et de redoutabilité". Sur ce arrive Picasso qui croque la pomme et laisse au "peintre de la réalité" les "pépins de la réalité". >>

 

J'ajoutais :

 

<< Pour ma part, je ne m'intéresserai ni aux "pépins de la réalité" ni à la pomme en soi (l'objet indirect de l'étude, l'Iran, ne pouvant être "croqué", si ce n'est dans le sens figuré d'une représentation), mais me pencherai sur la réalité extérieure et la périphérie de la pomme, c'est-à-dire de l'Iran. Quelles "apparences de réalité" se donne t-elle ? celles d'un Etat moderne ou d'une Etat islamique ? Comment les observateurs tentent-ils de saisir et de décrire la réalité iranienne ? Par le biais de quelles "associations d'idées" certains observateurs réagissent-ils à la réalité iranienne ou à ses apparences sur les plan idéologique, politique, humanitaire, etc. ? >>

 

Dans ces conditions, au-delà même des évolutions dans le temps de la masse de la couverture médiatique sur l'Iran, quelle(s) image(s) retenir de ce pays ? C'est la question que se posait notamment Marc Kravetz dans Irano nox (Paris, Grasset, 1982) après avoir couvert pour Libération les débuts de la République islamique :

 

<< Sujet intéressant : tu montres une fille en jean ou en pantalon crème, un type qui a mal à l'oeil et qui se fait examiner par une femme qui peut être la sienne et tu dis : j'ai vu ça en Iran. On te demande quel rapport ça peut bien avoir avec l'Iran et tu réponds : le rapport c'est que nulle part ailleurs, je n'aurais eu envie de prendre un tel cliché. >>

 

Mais, pour en revenir aux actualités du jour, si l'Iran revient occasionnellement à la une des médias tandis que la guerre en Ukraine attire de façon constante l'attention (du moins en Occident) depuis février 2022, le Royaume-Uni est à la une en ce mois de septembre depuis le décès de sa reine : qu'on rappelle historiquement le passé ou que l'on suive pas à pas les étapes et les cérémonies liées à la succession de la souveraine. Cependant, quelles images ou représentations en retenir ? Le Royaume-Uni peut constituer un cas d'école. C'est, au sein d'un Etat multinational, le cadre politique, celui de la monarchie parlementaire  avec un focus sur la famille royale, qui est mis en avant. A cet égard, dans sa biographie de Shakespeare, Stephen Greenblatt souligne l'importance du spectacle que constituait la royauté au temps d'Elizabeth 1ère dont il reprend les paroles : "La princes vivent sur une scène à la vue du monde entier." Ce qu'on peut compléter par une citation de La société réfléchie, un essai paru au Seuil en 1989, où Eric Landowski note : "Spéculairement, la communauté sociale se donne en spectacle  à elle-même et, ce faisant, se dote des règles nécessaires à son propre jeu."  Même si, depuis le XVIIe siècle, le pouvoir anglais s'est progressivement démocratisé en passant au Parlement, la royauté reste un symbole d'unité et continue à se donner en représentation. La télévision après guerre a contribué à accroître le phénomène à une échelle mondiale. Les Windsor, famille "exposée" pour représenter symboliquement son ou ses peuples : ces derniers ne seraient-ils pour autant qu'un ou des "peuples figurants" ? On sait que, par delà la nation politique britannique et la place prépondérante que l'Angleterre y occupe, les autres nations (qu'on peut qualifier de "culturelles") qui constituent le Royaume-Uni sont, non seulement représentées sur l'Union Jack mais aussi par des parlements locaux. C'est cette reconnaissance qu'entendaient signifier les visites de Charles III en Ecosse et en Irlande du Nord. Ce qui n'empêche pas pour autant des velléités d'indépendance comme en Ecosse alors que le rejet du Royaume-Uni n'exclut pas un désir de réintégrer l'Union européenne. Quant aux peuples du Commonwealth, selon les cas, les liens avec la Couronne sont devenus plus ou moins lâches. Mais, sur le plan strictement intérieur, si on s'en tient aux catégories sociales, les classes populaires, dont un cinéaste comme Ken Loach donne l'image dans ses films, peuvent-elles continuer à se reconnaître dans la monarchie britannique ? Que ce soit sur le plan "national" ou "social", se posent ainsi le problème de la visibilité plus ou moins limitée ou étendue des "peuples" par rapport à leurs catégories (élites...?) représentatives  ou dirigeantes. Comment alors faire "nation" ? Dans l'adversité...? C'est ce que montrent les réactions des Ukrainiens à l'attaque russe de leur territoire et à l'agression de leur population. Mais au-delà des combats sur le terrain, c'est sur le plan médiatique, tant au plan international qu'auprès des opinions publiques intérieures, que se joue également le conflit. Conflits plus ou moins couverts médiatiquement. C'est à un moment où l'Opinion internationale est focalisée sur l'Ukraine que l'Azerbaïjdan en profite pour attaquer territorialement l'Arménie.  Sinon, que ce soit en monarchie ou en république, ce qu'évoque aussi le spectacle de la royauté des Windsor, c'est que la transparence et la publicité des vies passées au crible de veilles plus plu sou moins intrusives s'est largement étendue tant en démocratie que dans les dictatures. "Public or private images limited or extended"....?

 

(Source image intermédiaire : Larousse)

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 14 septembre 2022.

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13 septembre 2022 2 13 /09 /septembre /2022 19:10

Annonce :

 

La reine est morte. Un nouveau souverain est appelé à régner.

 

Réaction :

 

Araignée, Araignée... Pourquoi pas Libellule ou Papillon...?

 

Source :

 

Adaptation d'une blague de JCD.

 

Source image intermédiaire : Radio France.

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 13 septembre 2022.

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10 septembre 2022 6 10 /09 /septembre /2022 18:54

Source : Jean-Jacques Chevallier, Les grandes oeuvres politiques depuis Machiavel, Paris, Armand Colin, 1949/1983. Un compte rendu  des Six livres  de la République (1576) de Jehan Bodin.

 

Puisque beaucoup de personnes s'interrogent toujours sur la notion de "République" dont le contenu a varié dans l'histoire selon les contextes, on peut retenir de l'étude de J-J Chevallier  à propos de Bodin un certain nombre d'images et de conceptions... Il ne s'agit pas de penser absolument comme tel ou untel, mais de s'en servir comme base (ou point de départ, ou étape) de réflexion... L'article fonctionnera ici comme une contraction de texte avec en marge, en contrepoint ou en parenthèses quelques remarques et associations d'idées.

 

Contexte de l'ouvrage : celui des guerres de Religion durant la seconde moitié du XVIe siècle, quatre ans après le massacre de la Saint Barthélémy de 1572. Le juriste angevin Jehan Bodin appartient au parti des Politiques dominé par la figure de Michel de l'Hôpital (né à Aigueperse) jusqu'en 1573 et qui se sépare à la fois des du parti catholique et du parti protestant en prêchant la tolérance ("germe timide de la liberté de conscience" comme le note Chevallier) tout en défendant l'autorité royale pour relier (au sens étymologique) à nouveau entre eux les partis séparés et donc de maintenir l'unité du royaume de France. Paradoxe des termes et oxymore à nos yeux, la République que Bodin entend défendre est donc royale ou du moins monarchique.

 

Antécédents : en 1566, Bodin publie en latin une Méthode pour faciliter la connaissance de l'Histoire car il cherche dans l'histoire un esprit des lois. La République quant à elle a été écrite en langue vernaculaire pour toucher justement un plus grand public. C'est une somme de six livres. Et comme le note poétiquement Chevallier : "De cette mer d'idées, de raisonnements, de faits, de textes et de commentaires, une île centrale émerge, baignée d'une lumière dure qui fait saillir ses nets contours : c'est la souveraineté."

 

Selon Bodin : "République est un droit  gouvernement de plusieurs mesnages et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine."  La République  s'entend ainsi à la mode antique comme la chose publique, la communauté politique en général, mais ordonnée et dont la famille (celle d'Ancien Régime) serait le point de départ et la souveraineté le ciment. Cette dernière peut résider théoriquement dans la multitude (démocratie) ou dans une minorité (aristocratie) ou dans un seul homme (monarchie; même si en période de régence, le gouvernement peut être assuré par  la reine mère telle Catherine de Médicis). Le protestant monarchomaque François Hotman est favorable à un mixte des trois types de gouvernements. Bodin, de son côté, est en faveur de la monarchie afin de maintenir au mieux la cohésion de l'Etat. Mais une monarchie non tyrannique guidée par les "lois de nature",  respectant les "personnes libres". Monarchie légitime qui peut être gouvernée aristocratiquement  ou populairement, mais pour laquelle il préfère, par "sagesse", une voie harmonique et "entremêlant doucement les nobles et roturiers, les riches et les pauvres" selon leurs mérites. Monarchie basée également sur le conseil de ses sujets à travers des assemblées consultatives (Sénat, Parlement ou Etats). Mais avec la détention d'une souveraineté royale une et indivisible où  aucune des sociétés "partielles" ne saurait exister sans permission du souverain. Une République très monarchique par conséquent.

 

Conclusions littéraires : Chevallier note l'hommage de Montaigne à Bodin comme un "bon auteur de notre temps".  En reprenant Fournol, il définit la souveraineté selon Bodin comme un "bloc de marbre qui ne peut être dépecé". Par lui même, il la décrit telle une "statue géante de déesse sévère, belle dans son abstraction, à la façon de la Beauté selon Baudelaire (belle comme un rêve de pierre), haute figure sacrée, exigeante et dominatrice, nimbée d'une aveuglante auréole, régnant pour leur bien sur les hommes anarchiques..."

 

Allégorie de la République démocratique, qu'en penserait aujourd'hui Marianne dans sa multitude... ? ou bien encore, si elle pouvait parler, la statue de la Liberté...?

 

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 24 janvier 2020 et 10 septembre 2022.

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5 septembre 2022 1 05 /09 /septembre /2022 09:50

"Qu'est-ce qu'une vague ? C'est une partition musicale qu'écrit le vent sur la mer. Qui écrit ? C'est le vent. Vous dites : << Est-ce que je suis le seul à écrire ?>>. Mais non, regardez : le vent écrit. Et vous pouvez voir cela partout : l'eau écrit sur le solide, la vallée du fleuve."

Pantopie ou le monde de Michel Serres de Hermès à Petite Poucette. Entretien avec Martin Legros et Sven Ortoli, éditions Le Pommier.

 

Estampe japonaise d'Hokusai : La Grande Vague de Kanagawa (1830-1831). Source image intermédiaire : Wikipédia.

 

Motif qui deviendra stéréotype et qui, palimpsestes de la vie artistique, inspirera nombre de peintres dont Van Gogh avec notamment les enroulements célestes de sa Nuit étoilée en 1889.

 

(MoMA, New-York)

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 26 juillet 2016 et 5 septembre 2022.

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 18:24

Le Maigre (ou Sabot de bouc) dans Peer Gynt d'Ibsen, acte V :

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"Revoilà le style d'ordonnateur des pompes funèbres ! De pareilles choses nous ne faisons que nous en moquer. Il y a des gens qui embarquent des figures bien plus affreuses dans le bateau de leur sermon, de leur art et de la littérature... et pourtant, ils doivent rester dehors..."

(traduction de Régis Boyer chez Garnier-Flammarion)

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"C'est une histoire à moitié. Pensez-vous qu'on gaspille le chauffage pour de la racaille insignifiante ? Faut vous faire à l'idée de la Cuillère. Vous êtes trop raisonnable. Vos souvenirs sont casses-pieds, ennuyeux. C'est plat comme un trottoir de rue. Pas de quoi rire ou pleurer.... ça ne me fait ni chaud, ni froid, c'est agaçant."

(adaptation d'Eric Da Silva).

 

Mise en abîme, théâtre dans le théâtre, on peut voir à travers la distribution des rôles de Peer Gynt d'Ibsen les différentes figures symboliques d'une représentation théâtrale. Le Diable - alias Le Maigre ou Sabot de bouc - y serait ainsi l'allégorie du critique dramatique qui passerait  au crible la vie du personnage éponyme (c'est-à-dire le spectacle lui-même) en la plaçant sous le feu glorificateur ou destructeur de sa plume voire de son objectif photographique (mais en toute objectivité...?). Le Fondeur de boutons, prêt à refondre Peer Gynt dans la masse grâce à sa Cuillère, incarnerait quant à lui les techniciens qui mettent en avant leur savoir-faire concurremment au jeu des comédiens. Solveig symboliserait, de son côté les spectateurs qui gardent dans leur mémoire ou dans leur coeur le souvenir du spectacle... Pour les autres figures, voir en amont sur ce blog l'analyse plus complète de la pièce (1995/2009)...

 

Eric Elmosnino en Peer Gynt dans la mise en scène de Patrick Pineau en 2004-2005.

 

Eric Da Silva en Peer Gynt et Mbembo en Solveig dans une mise en scène de 1995 au CDN de Gennevilliers.

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 2 septembre 2022.

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31 août 2022 3 31 /08 /août /2022 20:04

Pour une poignée de dollars (1964) de Sergio Leone. (Source image intermédiaire : Twitter).

 

Reprise d'articles de février 2019.

 

Le harcèlement...

 

... c'est mal...

 

... l'hypocrisie et l'abrutissement aussi... même mâtinés de bonne conscience...

 

... et quand les boussoles s'affolent, c'est même dangereux...

 

... mais quoi de neuf sous le soleil...?

 

Le lynchage...

 

... c'est mal...

 

... quels que soient les moyens employés... ou quel que soit le lieu ou le milieu...

 

... mais "bien ou mal pensants", beaucoup de gens oublient, qu'à leur insu ou de leur plein gré, ils peuvent y participer...

 

Affiche de La poursuite impitoyable (1966) d'Arthur Penn. (Source image intermédiaire : homepopcorn.fr).

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 18 novembre 2021 et 31 août 2022.

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27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 11:31

Extraits d'une préface de Michel Cadot à La fille du capitaine d'Alexandre Pouchkine (éditions Garnier-Flammarion, 1989).

 

Après l'insurrection de décembre 1825, Alexandre Pouchkine, qui a de nombreux amis parmi les "décabristes", est condamné à l'exil. En septembre 1826, il est rappelé de son exil  par le nouveau tsar Nicolas 1er qui soumet néanmoins l'écrivain à la censure.

 

<< L'action des grands hommes, Pierre le Grand, Napoléon, a lieu selon l'esprit du temps, sinon elle échoue : l'historien selon Pouchkine, doit déterminer dans le caractère même de l'individualité ce qui est en accord avec son époque. Il emploie par moments des expressions vagues, "la marche des choses", "les forces mystérieuses", "la volonté secrète de la Providence", comme Joseph de Maistre ou Alfred de Vigny, mais il estime que l'idéal social ne doit pas être une abstraction à la manière des Jacobins, et loge sous la plume de Griniov dans La fille du capitaine cette remarquable maxime réformiste : "Les meilleures et les plus solides transformations sont celles qui naissent de l'amélioration des moeurs sans aucune convulsion violente."

 

Le drame de Boris Godounov tient précisément à ce que ses desseins n'étaient pas en accord avec l'histoire : plein de bonnes intentions vis-à-vis du peuple, il échoue et le peuple le regarde comme un tyran. C'est, pense Pouchkine, le peuple qui assure le succès ou l'échec d'une règne, d'une révolution. Terrible dans ses manifestations de colère, le peuple réagit sauvagement aux réactions sauvages qu'on lui impose. Après l'échec de l'insurrection décembriste, dû largement à l'absence totale de participation populaire, Pouchkine, à la demande de Nicolas 1er, rédigea un curieux texte, Sur l'éducation nationale, une sorte d'examen critique que lui fit subir l'empereur et qu'il passa avec succès.

 

Pouchkine fait ressortir le rôle capital d'une instruction bien conçue, afin d'éviter des événements tels que ceux de décembre 1825 : "Il faut apprendre aux jeunes gens la différence d'esprit des différentes nations,la source des besoins et des revendications des Etats; ne pas tricher; ne pas défigurer les raisonnements des républicains, ne pas stigmatiser le meurtre de César, glorifié pendant deux mille ans, mais présenter Brutus comme le défenseur et le vengeur de la patrie et César comme un ambitieux et un factieux." In tyrannos, mort aux tyrans quand même ! Singulière hardiesse qu'il fallait bien payer d'un désaveu formel de l'entreprise décembriste. Pouchkine pense sans doute à lui-même avec une secrète ironie lorsqu'il écrit : "On doit espérer que ceux qui partageaient la façon de penser des conjurés sont devenus raisonnables; que, d'une part, il ont vu le néant de leurs projets et les moyens dont ils disposaient, de l'autre, la force immense, fondée sur la force des choses."

 

(................................................)

 

L'empereur Nicolas avait fait savoir à Pouchkine que Boris Godounov ressemblait plus à un roman historique qu'à une tragédie, et lui conseillait de la changer "en nouvelle ou en roman historique à la manière de Walter Scott". Le poète déclina poliment l'invitation, mais se vit obligé de soumettre chacune des ses oeuvres à l'agrément impérial avant impression. Des Chansons sur Stenka Razine, le célèbre chef de bande, auteur d'un soulèvement contre le gouvernement, mort en 1670, composées par Pouchkine en 1824, peut-être avec l'aide se sa chère niania, Arina Rodionovna, ne purent paraître avant avant 1881, quarante-quatre ans après la mort du poète. Le général Benkendorf, chef de la police impéraile, lui écrivait le 22 août 1827 : "Les Chansons sur Stenka Razine, en dépit de toute leur valeur poétique, ne peuvent être envisagées pour l'impression. Qui plus est, l'Eglise maudit Razine, tout comme Pougatchov."  L'avertissement était clair : Pouchkine était fermement prié de s'abstenir de traiter des sujets touchant les révoltes paysannes en Russie. Tout comme Benkendorf, il associait Stenka Razine, "le seul personnage poétique de l'histoire russe" et Pougatchov. (...)

 

(............................................................)

 

1830 : (...), à cette époque, le grand souci de Pouchkine est son projet de mariage avec Nathalie Goncharova : il demande à Nicolas 1er d'autoriser l'impression de Boris Godounov, qui lui procurerait d'indispensables revenus. A peine est-il rassuré par l'autorisation impériale que son mariage manque se rompre, que le choléra se montre à Moscou. Le mariage eut enfin lieu à Moscou le 18 février 1831, et Pouchkine s'installa à Tzarkoïé-Sélo avec sa femme en mai. Le choléra s'étant manifesté aussi à Saint-Pétersbourg, la Cour impériale s'installe à son tour à Tzarkoïé-Sélo. C'est à ce moment que commence pour Pouchkine une situation très désagréable qui empoisonne sa vie jusqu'à sa fin tragique. Le poète doit accepter de paraître à toutes les fêtes et réceptions, perdant à la fois son temps et son indépendance. Comme le dit V. Kouchelov, ces liens "naquirent de l'audience au Kremlin, et la 'censure suprême' commença à s'étendre à la vie privée, familiale, du poète".  Cette redoutable pression psychologique entraîna t-elle Pouchkine à appuyer de manière voyante la politique de Nicolas 1er contre les Polonais révoltés ? Les poèmes de l'automne 1831, d'un patriotisme slavophile outrancier, furent critiqués par les Décembristes, par P. A. Viazemski et, plus tard, par A. Herzen. >>

 

Alexandre Pouchkine (6 juin 1799 - 10 février 1837) en 1827 par Vassili Tropinine. (Source image intermédiaire : Wikipédia)

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 27 août 2022.

 

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19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 10:26

Hier (et avant-hier...?) : voir  notamment Mohamed Mbougar Sarr La plus secrète mémoire des hommes... où il est notamment question de Gombrowicz. Cf. un article du 6 novembre 2021 : "Goncourt 2021 : Illusion romantique...? ou désillusion romanesque...?"

 

Aujourd'hui : Alexis Ragougneau, Palimpseste (2022)... où il serait notamment question, si j'ai bien compris, de "palimpseste" et de "troll"et de "réécriture"... et ce qui m'évoque aussitôt Gérard Genette ou Peer Gynt  d'Ibsen... ou divers articles de ce blog (et d'ailleurs)... Quant à Victor Hugo mis en exergue du livre... un contrepoint : "What Victor Hugo...? Qui c'est ça mon coco..? Moi, je connais que le batteur... qui baratine ma soeur...!" disait Léo Ferré pour parler d'un baratineur qui ne citait pas ses sources... Alors, Alexis "in the middle"...? Qu'en pense t-on dans le milieu littéraire...?

 

 

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 19 août 2022.

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13 août 2022 6 13 /08 /août /2022 14:05

Au lendemain de l'attentat d'hier contre l'écrivain britannique d'origine indienne Salman Rushdie, reprise d'articles du 12 et 29 septembre 2018 et complétés ce jour.

 

Les Masterclasses  de France Culture, animées par Arnaud Laporte, se proposent d'enquêter sur le processus créatif des écrivains et sur la genèse de leurs oeuvres. C'était à Salman Rushdie, à l'occasion de la sortie en France de son dernier roman La famille Golden chez Actes Sud, d'être soumis à la question en septembre 2018...

 

Mais quel est donc le "siège des rêves" du romancier britannique d'origine indienne ? Telle pourrait être la question comme la formule Ibsen par le biais d'un mystérieux passager dans Peer Gynt ; passager qui veut se servir du personnage éponyme de la pièce pour ses "expériences scientifiques". Autopsie d'une oeuvre, de ses sources et de ses personnages, par quelle alchimie intellectuelle naît une pièce, un roman... une oeuvre littéraire ? Salman Rushdie y répond très concrètement par des formes d'expériences vivantes liées aux contes et légendes de sa jeunesse, au cinéma, à la littérature, aux rencontres... mais aussi à son expérience particulière de l'exil. Pour ce qui est des réponses d'Ibsen, voir sur ce blog "Peer Gynt" d'Ibsen Essai d'anthropologie théâtrale (1996/2009) à travers les articles du 27 novembre 2013. Question : pour ce qui est de Peer Gynt, n'est-il resté toute sa vie qu'un Troll des montagnes à partir du moment où il a rencontré la Femme en vert...?

 

On ne retient souvent de l'oeuvre de Rushdie que Les Versets sataniques, roman par lequel le "scandale" est arrivé sur la scène mondiale et qui lui a attiré les foudres des islamistes avec la fatwa lancée en 1989 par le guide de la révolution iranienne, l'ayatollah Khomeiny, condamnant l'écrivain à mort et le désignant  à le vindicte populaire. Question centrale alors : celle de la possible ou impossible représentation du Prophète dans une oeuvre de fiction. Sur ce point, on peut faire un autre parallèle avec  la pièce d'Ibsen où Peer Gynt incarne à un moment donné de l'histoire non pas "Le Prophète" lui-même, mais un faux prophète... ouvrant ou anticipant ainsi sans doute les débats et les passions qui ont lieu aujourd'hui... Ecrivain de la mondialisation (comme Ibsen avec Peer Gynt), on ne peut toutefois résumer l'oeuvre de Salman Rushdie à un seul livre... Et ses sources d'inspiration sont multiples et multiculturelles comme en témoigne le recueil de ses articles rassemblés aux éditions Bourgois sous le titre de Patries imaginaires ... patries pas seulement "imaginaires", mais bien réelles dans la formation de l'oeuvre et de la personnalité de l'écrivain... Ces dernières ne sont pas marquées et déterminées une fois pour toutes par ses origines... Ainsi, amateur de rock et de musique noire américaine, sans doute Salman Rushdie pourrait-il s'approprier les paroles de la chanson des Temptations "Papa was a rolling stone..."

 

 

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 12 et 29 septembre 2018 / 13 août 2022.

 

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  • : Le blog de philippe prunet
  • : Idée de ce blog : fixer et trouver un lieu de publicité pour un certain nombre de textes que j'ai fait passer via le net, au fil de l'actualité (la mienne, celle autour), ces trois dernières années. Trouver la verve pour en écrire d'autres et combler ainsi une forme de vocation journalistique; même si tout cela n'est qu'épisodique, sommaire, irrégulier et ne joue que sur une partie de la gamme.
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