Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 17:57

Reprise d'un article du 14 mai 2018.

 

Dans le cadre d'une "géopolitique des passions françaises", comment mesurer l'intérêt variable de l'"Opinion publique" d'un pays pour un autre pays... au fil de l'actualité...? Et aussi, comment analyser le contenu de ce qu'on peut appeler l'"imaginaire des peuples" pour reprendre une expression de Stéphane Rozès...? En 1991, mon but était de mesurer l'intérêt de l'"Opinion" française (dans sa diversité) pour l'Iran relativement à d'autres pays dans le monde (la Chine, la Russie... d'autres...) ... En introduction, je précisais quelques thèmes pour aborder  le sujet (L'Opinion française et l'Iran depuis 1945, Lille 3)...

 

.........................................................................................

 

1) La figure emblématique de l'ayatollah Khomeiny n'est pas sans évoquer une caricature parue dans le journal anticlérical La Lanterne vers les années 1880 représentant le visage méphistophélique d'un prêtre catholique et dont la légende était "L'Eglise, voilà l'ennemi !"; légende qu'on pourrait remplacer en sous-titre d'une photographie ou d'une caricature de Khomeiny par "L'Iran, voilà l'ennemi !" ou "L'Islam, voilà l'ennemi". (cf. notamment Pierre Péan, La Menace, Paris, Fayard, 1987)

 

2) En 1989 (répression de la place Tien Anmen), les images répressives de la Chine et de l'Iran se rejoignent : ce que symbolise un dessin de Plantu (Le Monde, 6 juin 1989) représentant l'ayatollah Khomeiny moribond passant le bâton de la répression à Deng Xiaoping lors d'une course de relais (...)

L'image révolutionnaire de l'Iran est donc avant tout, aujourd'hui (1991), négative. La figure de Che Guevara (qui peut faire penser à celle de Lord Byron peint par Philips) a fait perdurer jusqu'à nos jours une aura romantique autour de la révolution cubaine; mais l'effondrement du communisme en Europe de l'Est a fait se rejoindre, là aussi, les "barbus" de Téhéran et de la Havane comme symboles d'un "intégrisme" entendu comme le rejet de la démocratie et des valeurs occidentales. Cependant, comme le note Semih Vaner (chercheur au CERI et fondateur du CEMOTI) dans un article de Libération ("Paris-Ankara-Téhéran") du 17 septembre 1991 : "L'un des rares effets positifs de la guerre du Golfe aura été d'atténuer l'image de l'Iranien-chiite-le couteau-entre-les-dents."

 

3) La notion de Tiers-monde, employée pour la première fois dans l'article d'Alfred Sauvy "Trois mondes, une planète" paru dans L'Observateur du 14 août 1952, apparaît concomitamment à la crise de la nationalisation des pétroles iraniens. Il s'agira de voir si elle a été prise en compte par les contemporains pour analyser cette crise, alors que la notion de Tiers-monde semble surtout être associée à la crise de Suez comme l'évoque le titre de l'ouvrage de Marc Ferro, 1956, Suez naissance d'un tiers-monde (Bruxelles, Complexe); ouvrage où, par  ailleurs, Mossadegh fait figure de précurseur.

 

4) La relation de proximité entretenue autrefois par le monde grec, puis par le monde romain avec l'Empire perse au contact de leurs marges communes se retrouve d'un certaine manière aujourd'hui, malgré l'éloignement géographique, par le biais de la médiatisation massive de la presse écrite et audiovisuelle, mais aussi par la médiation de la religion qui ferait des banlieues françaises où se concentrent des populations d'origine musulmane, les banlieues d'un Islam dont l'épicentre se trouverait à Téhéran. Ainsi, dans Les Banlieues de l'Islam (Paris, Points-Seuil), Gilles Kepel isole un " moment iranien", chapitre consacré à l'influence de l'Iran islamique dans ces banlieues.

 

5) On retiendra des années 70 le couplet d'une chanson de Serge Gainsbourg ("My lady héroïne", 1975) où le chanteur réutilise deux stéréotypes traditionnels de la Perse : l'image d'un Orient capiteux, féminisé, érotisé ou celle plus folklorique du marché persan, mais pour les rapporter à une réalité contemporaine plus âpre, celle de la drogue et de son trafic.

La superposition de ces deux traits tend ainsi à donner de l'Iran une image de perversion et de corruption. C'est ce même paradoxe d'une image des "Mille et une nuits" véhiculée par le régime impérial à l'étranger et d'une réalité toute autre, notamment en matière de drogue, qui est dénoncée par la presse française de gauche. Ainsi, Raymond Lavigne, dans un article de L'Humanité Dimanche, intitulé "Un comte des mille et une nuits", paru le 29 octobre 1967 et qui relate le couronnement impérial du chah et de la chabanouh, insère une série de brèves encadrées dont les titres sont : "Sur fond de misère"", "Tyrannie et concussion" et "Stupéfiants" (...)

 

6) (...) si l'on suit la production livresque concernant l'Iran au cours des années 80, le pays apparaît d'abord comme le symbole d'un monde musulman austère, sujet à l'étude, mais qui, de menaçant, finit par fasciner et même à inviter au voyage. Avant que n'intervienne l'assassinat de Chapour Bakhtiar, la politique de "normalisation" avec l'Occident menée par Hachemi Rafsandjani, tandis que l'Irak faisait figure de nouvel ennemi public numéro 1 international, avait conféré à l'Iran islamique une image plus rassurante. Ainsi, alors qu'on ne trouvait quasiment plus dans les librairies de guides touristiques sur l'Iran, L'Evénement du jeudi sortait au printemps 1991 un numéro hors série sur "les 170 pays où passer vos vacances" où un article était consacré aux conditions pratiques d'un voyage touristique en Iran.

 

7) (En matière de variétés...) seule Véronique Sanson en 1989, en prenant Allah à témoin contre l'intolérance et le fanatisme religieux, évoquait implicitement l'Iran. Cependant, la menace terroriste que faisait alors planer le contexte de l'affaire Rushdie a incité la chanteuse à retirer le titre de son répertoire tandis que les disquaires retiraient les albums des leurs étalages. Ainsi, après le terrorisme physique, marqué en France par divers attentats au cours de la décennie, la "menace" iranienne renaissait de ses cendres, tel un mauvais génie, à travers le terrorisme intellectuel. Malgré l'éloignement géographique, Khomeiny semblait jeter au loin son regard désapprobateur sur les "acteurs" de la scène occidentale et étendre son ombre menaçante jusqu'en France (...)

 

8) Problématique : à propos de la Russie, Jacques Julliard note :

"Ces terres russes aux confins de l'Asie ne sont-elles pas depuis des siècles nos marches de l'Est; elles sont un lieu et un moment de notre sensibilité. Et cela est spécialement vrai pour nous autres Français car, depuis le XVIIIe siècle, la Russie tient une place à part dans notre géographie sentimentale."

("Le sang des rêves", Le Nouvel Observateur, 1399, 24 août-4 septembre 1991)

 

9) On attribue généralement les idées durables à l'histoire des mentalités tandis que les autres appartiendraient  à l'histoire de l'opinion publique, histoire liée à une actualité changeante. On peut noter que la figure de Mossadegh qui faisait la une de l'actualité dans les années 50 est tombée aujourd'hui dans l'oubli tandis que celle de Khomeiny a acquis la force d'un stéréotype.

...........................................................................................................................................

 

Regards sur le Monde par Le Monde... Les dessins de Plantu : des sources précieuses à analyser pour une histoire de l'"Opinion publique" en France... (Source image intermédiaire : TV5 Monde).

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 21 janvier 2002.

Partager cet article
Repost0
18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 14:19

"Vous qui entrez, laissez toute espérance" écrivait Dante à propos de l'Enfer... Mais, autre version de l'Enfer... "Et puis on est descendu chez Satan et bas c'était épatant" chantait Boris Vian... "Ce qui prouve qu'en protestant, quand il est encore temps, on trouve toujours le moyen d'obtenir des ménagements !"... "Thank you Satan" aurait chanté Léo Ferré...? Mais... autres chanteurs ou musiciens (punks américains cette fois-ci)... qu'en penseraient Richard Hell et sa bande de Voidoids...?

 

Médiation du jour : "Dante, bienvenue en enfer", Les chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth, France Culture, 17 janvier 2022.

 

 

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 18 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 10:18

(Photo : trouvée sur Internet... source à à retrouver... à bon entendeur...)

 

Humeurs... Pour faire plaisir à tout le monde... on peut les mettre à toutes le couleurs du ciel et l'arc en ciel... Quant aux couleurs des lettres et des mots qu'elles composent... on peut se référer à Rimbaud... du moins pour les voyelles... Du moment qu'on ne les fiche pas... tout va bien... Sinon, je me souviens d'une collection (chez un éditeur) qui s'appelait "la couleur des idées"...

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 17 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2022 6 15 /01 /janvier /2022 16:28

Hier soir j'étais de mauvaise humeur... était-ce de l'humeur noire...?  ou bien de l'humeur morose...? Aujourd'hui je suis plutôt de bonne humeur... voire même d'humeur sentimentale... Mais parfois je balance... j'ai du mal à trouver le sens de l'humeur...

 

Source image intermédiaire : profession spectacle.

 

Source photo intermédiaire : France Bleue.

 

Trouver le sens de l'humeur... (Source photo intermédiaire : Télérama).

 

Médiation ou source d'inspiration du jour : un post de la BNF sur l'"humour"...

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 15 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 15:01

Paul Klee, Comedians'handbill, 1938 (Source image intermédiaire : artprintcafe.com)

 

En substance, une citation de Paul Klee: "une ligne est un point qui voyage"... comme le tracé d'un stylo qui court sur une feuille, comme le tracé d'un pinceau sur une toile, comme les déplacements d'un joueur sur un court de tennis ou comme une balle qui vole, se déplace et trace dans l'air aux quatre coins du court, comme un type qui tourne en rond chez lui en période de confinement ou comme un grand voyageur qui trace son chemin et qui laisse dans son sillage des... points de suspension... points virgules; ou points.

A la ligne

 

(Médiation : d'après une citation diffusée par le Paris Institute for Critical Thinking.)

 

Mais on peut penser aussi, "par le milieu", en lignes emmêlées comme l'énonce Gilles Deleuze  :

 

"C'est que chacun a ses habitudes de penser : j'ai tendance à penser les choses comme des ensembles de lignes à démêler, mais aussi à recouper. Je n'aime pas les points, faire le point me semble stupide. Ce n'est pas la ligne qui est entre deux points, mais le point au croisement de plusieurs lignes. La ligne n'est jamais régulière, le point, c'est seulement l'inflexion de la ligne. Aussi bien, ce ne sont pas les débuts ni les fins, mais le milieu. Les choses et les pensées poussent par le milieu, et c'est là où il faut s'installer, c'est toujours là que ça se plie. C'est pourquoi un ensemble multilinéaire peut comporter des rabattements, des croisements, des inflexions qui font communiquer la philosophie, l'histoire de la philosophie, l'histoire tout court, les sciences, les arts. Ce serait comme les détours d'un mouvements qui occupe l'espace à la manière d'un tourbillon, avec la possibilité de surgir en un point quelconque."

 

(Cf. "Sur Leibnitz" in. Pourparlers, 1972-1990, Paris, Les Editions de minuit, 2009, p. 219)

 

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 4 et 5 décembre 2020. Article repris le 13 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 15:05

Reprise d'un article du 13 janvier 2020.

 

Apprendre à se comporter constamment en public un peu comme Louis XIV qui, du levé au couché (il avait un certain répit), était en permanence  en représentation dans le cadre de la société de Cour, peut-il contribuer, dans des cercles élargis (qu'on peut qualifier de démocratiques) et dans la mesure où cela est consenti (le problème est que la confiance ne règne pas),  à l'élévation mutuelle  des "esprits" (si ce n'est des "âmes") et des comportements de ceux qui nous écoutent et nous regardent...? Ce n'est pas sûr... mais, d'une certaine manière, nous y sommes déjà... et il faut faire avec... Voir notamment à ce propos les remises en perspectives "artistiques" du plasticien Christian Boltanski qui peuvent éventuellement changer de la "pornographie" (qui peut s'entendre aussi, tel que le conçoit Witold Gombrowicz, de façon plus large que le sexe,  comme une "révélation" crue de certaines réalités imaginables ou inimaginables de ce bas monde) ou des simples et plates "téléréalité" et "télésurveillance" permanentes.

 

Edifiant : "Who is Big Brother who's watching you ?"... Tout à chacun peut voir ou être vu... Même si d'autres peuvent attirer davantage l'attention ou être plus "édifiants" ou plus "scandaleux" (notion plus complexe qu'on ne croit... tout dépend du type  de "scandale" déclenché)... Mais : "Si ton oeil te scandalise, arrache le" comme il est dit dans les Evangiles et dans Peer Gynt d'Ibsen..

 

Les exemples artistiques ne manquent pas. Mais on pourra retenir notamment la mise sous la loupe rigolote d'une famille de la classe moyenne américaine par Linwood Boomer dans la série Malcolm in the middle qui prend modèle sur les théories "mimétiques" et "sacrificielles" de René Girard (voir notamment sur ce blog Sic gloria mundi ou la révélation mimétique).

 

On pourra se reporter également aux albums Masseduction et Masseducation de la chanteuse américaine St Vincent alias Annie Clark qui se met en scène de façon moqueuse et excentrique.

 

 

Sinon, grandeurs et misères des Républiques à l'heure de la mondialisation des communications et des "sociétés de contrôle"... sommes nous tous et toutes (chacun chacune à son échelle) devenu(e)s des pauvres grandes ou petites "choses publiques" voguant (comme elles peuvent) sur les flots des jours et des nuits médiatiques...? "Oh, combien de marins, combien de capitaines..."

 

"What Victor Hugo...? Qui c'est ça mon coco...? Moi je connais que le batteur qui baratine ma soeur..."  dirait Léo Ferré...

 

"Forme" imposée (comme dirait Gombrowicz)  et supérieure de "civilisation" : citer ses sources.

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 13 janvier 2020. Article complété le 12 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 10:22

Reprise d'un article des 13 et 14  janvier 2020.

 

Il est très difficile de savoir ce que recouvre exactement un régime politique jusqu'à ce qu'il évolue ou se "fige" dans un ordre particulier... D'où l'intérêt précisément de l'Histoire, ou du moins des enquêtes historiques, pour savoir quelles "réalités" correspondent et comment elles évoluent... C'est sur quoi interroge l'ouvrage de Claudia Moatti Res publica. Histoire romaine de la chose publique (Paris, Fayard, Ouvertures, 2019).

 

Bien sûr, comme l'analyse notamment Maurice Agulhon, la République en France est associée à l'enracinement de la vie démocratique représentative et sociale... mais les "réalités" républicaines encore dans le monde d'aujourd'hui peuvent être variées... Les "républiques" (ce qui peut s'entendre aussi simplement en termes de "communautés" de toutes sortes : voire à l'échelle d'un journal comme le concevait le sémioticien Eric Landowski) au "miroir" les unes des autres notamment dans les relations internationales...? Lutte entre les "mêmes" (comme dirait René Girard) dans une "même civilisation" mondialisée qui peut rapprocher (au moins les populations au sein d'une "même culture" internationale) autant qu'opposer...? Paradoxes des réalités et des apparences. C'était un peu le thème de mes recherches il y a longtemps. En tout cas, exemple d'actualité et d'histoire du temps présent, l'exemple de la République Islamique d'Iran interroge autour de la question de l'évolution et du respect des libertés après les espoirs et promesses qu'avaient laissé planer l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny en 1979 dans toute la société iranienne mais aussi à l'étranger. On se souvient de la méprise de Michel Foucault (mais avait-il complètement tort ?) à ce sujet, bien qu'il se soit rendu sur le terrain, et qui, pour cela, a beaucoup été critiqué. Se pose en tout cas le problème des binationaux, dont le regard à la fois "extérieur" et "intérieur" (voir à ce sujet les réflexions de la journaliste Delphine Minoui) peut gêner les autorités ou bien le cas, plus général, des chercheurs en sciences sociales (tels les Français Fariba Adelkhat et Roland Marchal actuellement emprisonnés en Iran) qui effectuent un travail d'observation des "réalités" iraniennes qui peut déranger également comme le soulignait encore hier soir l'historien spécialiste de l'Iran Bernard Hourcade. Mais tout regard (et il ne s'agit pas de contrôle ou de voyeurisme) critique dérange.

 

Pour ne rien oublier, passage obligé, je citerai un livre auquel fait référence Jean-Pierre Salgas, mais que je n'ai pas encore lu, et qui est pourtant en plein dans le sujet également  (il y est question notamment d'Ibsen) :

 

Pascale Casanova, La république mondiale des lettres, Paris, Seuil, 1999; réédition Points-Seuil, 2008.

 

Pour une analyse complémentaire, voir aussi sur ce blog un article du 10 juin 2019 : Nuit Sciences et Lettres à l'ENS : enquêtes sur les "origines".

 

Compléments bibliographique et actualité du 12 janvier 2022 :

 

Sur la Révolution iranienne et les débuts de la République islamique en Iran voir notamment les livres témoignages des reporters du quotidien Libération :

 

Claire Brière, Pierre Blanchet, Iran : la révolution au nom de Dieu, Paris, Seuil, L'Histoire immédiate, 1979. Le livre est conclu par un entretien avec Michel Foucault : "L'esprit d'un monde sans esprit". Sur les autres textes et interventions de Michel Foucault sur le sujet, voir Dits et écrits II. 1976-1988, Paris, Gallimard, Quarto, 2001.

 

 

Marc Kravetz, Irano Nox, Paris, Grasset, 1982. Marc Kravetz a obtenu le Prix Albert Londres en 1980 pour ses reportages sur l'Iran. Dans la "nuit iranienne", l'auteur revient (à la suite des six séjours effectués en Iran entre 1979 et 1981) sur les désenchantements liés au nouveau régime d'alors.

 

Pour une approche interculturelle (France / Iran) de la révolution iranienne à travers notamment l'expérience de Marc Kravetz, voir mon mémoire de maîtrise sur La Révolution iranienne au miroir de la presse française, Lille III, 1990. Et pour une approche plus globale de l'Iran à travers une "géopolitique des passions françaises", voir mon mémoire de DEA sur L'Opinion française et l'Iran depuis 1945, Lille III, 1991.

 

Actualité du jour :

 

On apprend par l'organisation non gouvernementale PEN America (voir le site de Les univers du livre Actualité ) la mort de l'écrivain iranien Baktash Abtin qui était incarcéré à la prison d'Evin et qui est décédé du Covid-19 faute de soins adéquats.

 

On retiendra également que si, depuis 2020, le chercheur Roland Marchal a pu rejoindre la France, sa compagne Fariba Adelkhat est toujours retenue en Iran.

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 13 et 14 janvier 2020. Article complété le 12 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2022 2 11 /01 /janvier /2022 12:01

"(...) Un jour, on a posé au général Grant cette question très débattue dans la presse et l'opinion publique  : << Mon général, qui a conçu l'idée de la Marche vers la mer ? >> Il a répondu sans hésiter : << L'ennemi ! >> Et il a ajouté que c'est souvent l'ennemi qui organise les choses à votre place. Il voulait dire par là que l'ennemi, que ce soit par négligence ou par la force des circonstances, vous laisse une ouverture et que vous, vous y voyez votre chance et que vous la saisissez.

 

Ce sont indubitablement les circonstances qui organisent nos vies pour nous, à l'aide de nos caractères. Je ne vois guère de différence entre un homme et une montre, si ce n'est que l'homme est conscient et que la montre ne l'est pas, et que l'homme essaye de s'organiser et pas la montre. La montre ne se remonte pas toute seule ni ne se règle : pour ça il faut l'intervention d'une force extérieure. Quant à l'homme, ce sont des influences extérieures, des circonstances extérieures qui le règlent et le remontent. Livré à lui-même, il serait complètement déréglé et on ne pourrait rien tirer de l'heure qu'il mesurerait. Il est de  rares hommes qui font des montres merveilleuses, boîtier en or, mouvement automatique et tout; quand d'autres ne sont que humbles petites tocantes toutes simples. Moi, je suis du genre tocante. Une tocante de cette trempe-là, comme on dit.

 

Une nation, ce n'est jamais qu'une somme d'individus. La nation fait des projets, les Circonstances les mettent à bas ou les font déborder. Des patriotes sont allés jeter du thé par-dessus bord; d'autres ont détruit une Bastille. Leurs projets n'allaient pas plus loin; ensuite, il y a la Circonstance qui arrive et, contre toute attente, transforme ces modestes émeutes en révolutions.

 

Et puis, ce pauvre Christophe Colomb ! Il avait un projet longuement réfléchi : c'était de découvrir un itinéraire nouveau vers un pays ancien. La Circonstance a revu ses plans à sa place, et c'est carrément un nouveau monde qu'il a découvert. Et c'est lui qui, aujourd'hui encore, en tire toute la gloire. Il n'y était absolument pou rien. (...)"

 

Mark TWAIN, "Le point de bascule" in. Comment raconter une histoire, Paris, Rivages poche, 2013, pp.121-123. Préface, notes et traduction de Chloé Thomas.

 

Le général Ulysses S. Grant (Source photo intermédiaire : medarus.com) qui, à l'issue de la guerre de Sécession, obtint la reddition des armées confédérées. Les "Bleus" contre les "Gris" ? A propos de couleurs, j'entendais récemment, sur une chaîne d'information, l'interview d'un responsable du service de Renseignement des Armées. Il expliquait que pour s'entraîner, aux sein même des services, des équipes dites "rouges" étaient chargées de harceler des équipes "bleues" par tous les moyens possibles (mais en respectant une certaine "éthique") afin de voir les réactions et comment chacun s'organisait soit en "attaque", soit en "défense"...

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 17 février 2021. Article repris et complété le 11 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0
10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 21:45

"Et je monte le son...!"

 

"Et je coupe le son...!"

 

"Et je retourne (même) la télé... C'est plus passionnant !"... quand certains se croient tout permis comme à "Abou Ghraib" (façon de parler) ou se prennent pour Poutine (qui aurait passé le "mur")... et que télésurveillance et téléréalité viennent à se confondre dans leurs tentatives de réification des personnes... le tout recouvert de pseudo rires, de pseudo intelligence, de pseudo compassion... et de vraie bêtise et de vraie complaisance...

 

"Too much pressure ?"... "They make me mad !" chantait Pauline Black...

 

Et de quoi faire se retourner Serge Daney dans sa tombe ...

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 10 janvier 2021.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2022 6 08 /01 /janvier /2022 18:44

Si Witold Gombrowicz critique la Poésie avec une majuscule en tant que Forme déjà instituée et figée, au-delà des académismes, Arthur Rimbaud considère au contraire la Poésie avec une majuscule comme une Forme en prise avec le présent mais aussi l'avenir : comme une Forme d' "avant garde" porteuse d'une "langue" en devenir.  Dans sa lettre du "voyant" à Paul Demeny du 15 mai 1871 (cf. Oeuvres complètes, présentées chronologiquement par Jean-Luc Steinmetz, Garnier/Flammarion), il note :

 

"Donc le poète est vraiment voleur de feu.

Il est chargé de l'humanité, des animaux même; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme; si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue (...)

(...) La Poésie ne rythmera plus l'action; elle sera en avant."

 

Rimbaud place ainsi ses espoirs d'une Poésie nouvelle dans une nouvelle réalité liée à l'émancipation des femmes par lesquelles naîtront des formes "inconnues". Mais :

 

"En attendant, demandons aux poètes du  nouveau - idées et formes. Tous les habiles croiraient bientôt avoir satisfait à cette demande. - Ce n'est pas cela !"

 

Et si Rimbaud regarde au XIXe.s les "romantiques" comme des "voyants" qui appréhendent le monde de façon nouvelle- avec  notamment Victor Hugo qui "a bien vu" et dont Les Misérables sont "un vrai poème" - , il critique Lamartine qui est "quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille" tandis qu'il considère Musset comme un faiseur à travers son poème Le Rolla :

 

"(...) Musset n'a rien su faire : il y avait des visions à travers la gaze des rideaux : il a fermé les yeux.(...)"

 

Et Rimbaud en vient à critiquer Baudelaire lui-même :

 

"(...) Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. Encore a t-il vécu dans un milieu trop artiste; et la forme si vantée en lui est mesquine : les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles."

 

Où Gombrowicz et Rimbaud se rejoignent donc ainsi dans l'usage du vocabulaire de la "forme" et dans la critique des formes poétiques déjà pré-établies ou trop instituées en vue de les subvertir ou d'en créer de nouvelles en phase avec une réalité changeante et en devenir.

 

 

Blog de Philippe Prunet  (Overblog) : 1er décembre 2019. Article repris le 8 janvier 2022.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de philippe prunet
  • : Idée de ce blog : fixer et trouver un lieu de publicité pour un certain nombre de textes que j'ai fait passer via le net, au fil de l'actualité (la mienne, celle autour), ces trois dernières années. Trouver la verve pour en écrire d'autres et combler ainsi une forme de vocation journalistique; même si tout cela n'est qu'épisodique, sommaire, irrégulier et ne joue que sur une partie de la gamme.
  • Contact

Recherche

Liens