Trelawnay : duel avec un corbeau, un parcours de modèles-obstacles

Edward John Trelawnay, Mémoires d'un gentilhomme corsaire, éditions Payot, texte français établi par Victor Perceval

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"Mon frère était d'un caractère doux et paisible; moi, j'étais contrarié sans cesse, car je ne n'agissais que suivant mes inclinations et les obstacles ne servaient qu'à irriter mes désirs."

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"Mon père s'était pris d'affection pour un corbeau qui, avec ses ailes mutilées et son aspect antique et funéraire, errait isolé dans l'enceinte du jardin. Il abhorrait les enfants (...) depuis le moment où nous pûmes marcher, nous avions considéré mon père et cet oiseau comme les deux personnes les plus puissantes, les plus solennelles et les plus tyranniques de la terre."

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"Je tombai sur lui (le corbeau), et nous luttâmes corps à corps."

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"Ce duel fut le premier et le plus terrible de ma carrière. Quelques puérils qu'en paraissent les détails, je les mentionne ici non seulement parce que le souvenir en est encore palpitant à ma mémoire, mais encore parce qu'il fut le premier chaînon de ma destinée; c'est aussi une preuve de la constance avec laquelle j'ai résisté à l'oppression, une preuve que mon caractère, incapable de s'arrêter au demi-mesures, s'est toujours porté aux moyens extrêmes, sans me laisser le temps de réfléchir ou de m'arrêter. Voilà ma faute : je m'en suis repenti amèrement, car j'ai donné la mort toutes les fois que la justice m'y autorisait, quand j'aurais dû, si j'avais été clément, n'infliger qu'une punition sévère; ce qui n'était que réciprocité a été considéré comme vengeance par ceux qui m'ont entouré."

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Où l'on retrouve ici des éléments des théories girardiennes sur le désir mimétique et en particulier, comme dans Peer Gynt d'Ibsen (cf. "Sic transit gloria mundi ou la révélation mimétique" : sur ce blog), une duel inaugural avec un animal qui détermine tout un parcours de vie fait de confrontations avec des modèles-obstacles.