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14 octobre 2021 4 14 /10 /octobre /2021 20:30

Cf. "Rires et quolibets au pied de l'échafaud" dans Will le Magnifique de Stephen Greenblatt (Flammarion, 2014; traduction de Marie-Anne de Béru). A travers la genèse du Marchand de Venise, Stephen Greenblatt pose en particulier la question de l'antisémitisme et du conditionnement de l'opinion publique au temps d'Elisabeth Ière d'Angleterre.

 

On peut distinguer ainsi plusieurs étapes :

 

1) La rivalité (mimétique et) créatrice entre Marlowe et Shakespeare qui incite notamment les deux auteurs à s'emparer des mêmes thèmes.

 

2) Le plagiat (palimpseste) de l'intrigue d'une oeuvre secondaire. C'est une pratique courante. Voir notamment les analyses de Gérard Genette à ce sujet.

 

3) De la fiction à la réalité : Greenblatt montre comment le succès du Juif de Malte de Marlowe conditionne les rires des spectateurs lors d'une exécution publique d'un "comploteur" présumé d'origine juive .

 

4) De la réalité à la fiction : comment, dans Le Marchand de Venise, les rires aux dépens de Shylock sont contrariés par l'empathie de Shakespeare.

 

<< La foule riait à ce qu'elle prenait pour un jeu de mot typiquement marlovien ("Il aimait la reine comme il aimait Jésus Christ"), qu'elle interprétait  comme la confession d'un meurtrier pour qui "aimer" signifie "détester". Même si son métier consistait à distraire un public populaire, Shakespeare n'était pas totalement à l'aise : il s'inspirait du Juif de Malte tout en rejetant l'ironie corrosive et impitoyable de Marlowe, comme pour affirmer que lui ne se moquait pas au pied de l'échafaud.  Ce qui remplace l'ironie marlovienne n'est évidemment pas la tolérance : Le Marchand de Venise met en scène une conversion forcée, prix de la grâce accordée par le tribunal. Mais on voit poindre une forme de générosité de l'imagination. Etrange et irrépressible, cette empathie enraye la mécanique bien huilée du comique : elle interdit que l'on rit sans arrière-pensée lorsque Shylock confond sa fille et ses ducats. De façon plus dérangeante encore, elle sape la scène du procès, sommet de la pièce et transposition au théâtre de l'exécution sur l'échafaud, scène destinée à parvenir à une résolution satisfaisante du conflit sur le plan moral aussi bien que légal, à punir le coupable et à rétablir les valeurs centrales de la culture dominante. (...) >>

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Problématique : comment le sens de l'absurde tend à remplacer (ou à renforcer ?) le sens du tragique.

 

Cf. "Anaphore" ou le rire de Gombrowicz (30 juin 2012 sur le blog).

 

Cf. "Le Tragique et la Tragédie (et le sens de l'absurde)" (2 juin 2012 sur le blog).

 

Cf. Troïlus et Cressida.

 

Sur la question de sources : cf. "Shakespeare et Ibsen 'emballés'/relations palimpsestiques" (23 novembre 2013 sur le blog/avril 2011).

 

Ici l'affiche de l'adaptation cinématographique (2004) de la pièce de Shakespeare par Michaël Radford.

 

Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 14 octobre 2021. Reprise d'un article du 5 avril 2016.

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