"Son biographe Colerus rapporte qu'il aimait les combats d'araignée : 'Il cherchait des araignées qu'il faisait battre ensemble, ou des mouches qu'il jetait dans la toile d'araignée, et regardait ensuite cette bataille avec tant de plaisir qu'il éclatait quelquefois de rire.' C'est que les animaux nous apprennent au moins le caractère irréductiblement extérieur de la mort Ils ne la portent pas en eux, bien qu'ils se la donnent nécessairement les uns aux autres : la mort comme mauvaise rencontre inévitable dans l'ordre des existences naturelles. Mais ils n'ont pas encore inventé cette mort intérieure, ce sado-masochisme universel de l'esclave-tyran."
Gilles Deleuze note en complément à propos des combats d'araignée :
"Cette anecdote nous semble authentique pour ce qu'elle a beaucoup de résonances "spinozistes". Le combat d'araignée, ou d'araignée-mouche, pouvait fasciner Spinoza pour plusiseurs raisons : 1) du point de vue de l'extériorité de la mort nécessaire; 2) du point de vue de la composition des rapports dans la nature (comment la toile exprime un rapport de l'araignée avec le monde, qui s'approprie comme tel des rapports propres avec la mouche); 3) du point de vue de la relativité des perfections ( comment un état qui marque une imperfection de l'homme, par exemple la guerre, peut au contraire témoigner d'une perfection, si on le rapporte à une autre essence comme celle de l'insecte : cf; Lettre XIX, à Blyenbergh).
Voir : Gilles DELEUZE, Spinoza. Philosophie pratique, Les Editions de Minuit.
A propos d'araignées, on pensera aussi à :
Paul Murray Kendall, Louis XI, the universal spider.
The Rolling Stones, The Spider and the fly.
Serge Gainsbourg, Intoxicated man.
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