Le pouvoir des commencements. Essai sur l'autorité est un livre de Myriam Revault d'Allonnes paru au Seuil en 2006 (réédition Points Seuil). Si on fait un rapprochement avec le parcours de Charles de Gaulle et en particulier avec son discours à la BBC du 18 juin 1940, l'analyse mériterait d'être plus longue : mais on peut toujours l'initier (ou de la ré-initier si cela a été déjà fait)
Ainsi l'autorité "ne se confond pas avec le pouvoir", "n'est pas seulement de l'ordre de l'institué, de l'établi" si je m'en tiens au résumé de l'essai qui poursuit :
"Elle est une force dynamique qui autorise à donner à ceux qui viendront après nous la capacité de commencer, à leur tour, à entreprendre quelque chose de nouveau. Commencer, c'est commencer de continuer. Mais continuer, c'est continuer de commencer." Ce qui peut inciter à la persévérance.
Mais au-delà de son autorité naturelle et de tout son parcours biographique antérieur, ne peut-on pas voir dans le discours du 18 juin 1940 du grand Charles, l'acte fondateur, la dynamique, "le pouvoir des commencements" qui le mène, au-delà du pouvoir politique, vers l'autorité et la stature nationale et internationale (à moins que cela soit l'inverse) de l'envergure que l'on connaît...? Autorité et stature d'envergure qui ne seront pourtant pas forcément exemptes de critiques et de remises en cause comme on le sait...
Blog de Prunet (Overblog) : 18 juin 2020 et 18 juin 2022.
<< (...) Son appartenance à l'avant-dernier gouvernement de la IIIe République confère à de Gaulle une certaine légitimité : il est en droit de s'élever contre ce qu'il appellera des "gouvernants de rencontre". Winston Churchill a eu l'occasion de remarquer ce général, et l'estime qu'il a conçue pour lui sera précieuse lorsqu'il lui faudra obtenir la reconnaissance par le gouvernement britannique. (...) >>
René Rémond souligne encore "une prescience qui est un trait de son génie" :
<< (...) à la différence de ses frères d'armes qui ne portent pas leur regard au-delà des frontières terrestres, de Gaulle, qui n'a pourtant presque jamais servi en outre-mer, a une vision planétaire qui le convainc que le IIIe Reich perdra la guerre. D'emblée, il raisonne en fonction des grands espaces et tient compte des empires qui ne sont pas encore entrés dans le conflit. La France a bien pu perdre une bataille : la guerre n'est pas perdue. Il importe donc qu'elle y reste engagée.(...) >>
René Rémond, "De Gaulle" in. 1938-1948. Les années de tourmente, de Munich à Prague. Dictionnaire critique, dirigé par Jen-Pierre Azéma et François Bédarida, Paris, Flammarion, 1995.
Blog de Prunet (Overblog) : 17 juin 2020 et 18 juin 2022.
Voir aussi sur ce blog un article du 17 mai 2020 : "Totems et Présidents".
<< Camarades de toutes les nations présents au rendez-vous,
<< Dans la vieille capitale anglaise,
<< Dans le vieux Londres et la vielle Bretagne... >>
Privilège d'une capitale symbole du refus et du courage, c'est vers Londres, haut lieu du rassemblement des adversaires de Hitler, que convergent les espérances des peuples de l'Europe captive - dont Robert Desnos se fait ici le porte-parole. Car Londres, en même temps que le foyer du combat antinazi, apparaît en 1940 comme le théâtre par excellence du destin : "La poussée du temps nous a rejoints", écrit le poète Roy Fuller. "Nous sommes sur la ligne de front", assurent avec raison les cockneys. Et John Lehmann parle au nom de bien des Londoniens lorsqu'il affirme : "De 1940 à 1945, pour rien au monde je n'aurais voulu être ailleurs qu'à Londres assiégé, sinon peut-être à Troie au temps d'Homère." Très vite la capitale souffrant sous les bombes est devenue le centre névralgique de la coalition alliée. Aussi a t-elle pris un air plus cosmopolite que jamais. Refuge des souverains ou des gouvernements en exil de Pologne, de Norvège, des Pays-Bas, de Belgique, de Yougoslavie, de Grèce, base de la France Libre, on y croise tous les uniformes, on y entend toutes les langues. Quand arrivent les Américains, c'est presque une colonisation à l'envers. Dans cette ville affairée, où le jour chacun vaque à ses occupations, la vie nocturne, contrairement à ce qu'on pourrait croire, est intense, en dépit (ou à cause) du danger. Il est vrai qu'une partie importante des habitants, de l'ordre d'un million de personnes, a quitté la capitale pour gagner des lieux moins exposés.
François Bédarida, Londres in. 1938-1948, Les années de tourmente de Munich à Prague. Dictionnaire critique dirigé par Jean-Pierre Azéma et François Bédarida, Paris, Flammarion, 1995.
Robert Desnos (4 juillet 1900 - 8 juin 1945)
(Source image intermédiaire : allmusic.fr)
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 5 mai 2020 et 18 juin 2022.
A contextualiser. Cet article recopie un mail adressé entre autre à l'Appel des appels le vendredi 20 novembre 2009 :
"Mythe : au sens girardien du terme, récit construit par des persécuteurs après un lynchage.
Faire la part des choses : dit ce que ça veut dire.
Bande : (re)groupement plus ou moins fortuit, hasardeux, organisé, homogène ou hétérogène, de brutes ou de truands qui prend corps dans tous les "milieux".
Bandit (faire le) : auto-défense individuelle (parfois synonyme d'"anarchiste"); rarement en bande (on parle alors de "communisme" spontané).
Brutes : ou escrocs ou hors la loi qui font passer des vessies pour des lanternes, se parent de principes de vie pour cacher leurs principes de mort ou mortifères et violent impudemment les principes dont ils se réclament.
Ex : certains imposteurs, "tchékistes", inquisiteurs, caporaux institutionnels = ..... = certains extrémistes religieux ( au pouvoir ou nom) = ..... = certains hommes politique à forte "épaisseur" intellectuelle = .... etc.
Truands : tentent d'extraire et de retenir à leur profit le moindre principe de vie (soit en eux, mais c'est parfois difficile; soit plus facilement souvent à l'extérieur) et de le retenir prisonnier et de le thésauriser même si il vous échappe.
Crise mimétique (ou du "degree" selon Shakespeare) : schématiquement, selon René Girard, les hommes sont des "doubles", prennent mimétiquement modèle les uns sur les autres (toute relation est médiatisée), en viennent à désirer les mêmes choses et finiraient par se heurter, dans l'indifférenciation généralisée, en rivalités infinies, destructrices, "apocalyptiques", si la violence ne se reportait de façon plus ou moins hasardeuse (ou organisée quand on entre dans la société sacrificielle) sur des boucs émissaires qui rétablissent ainsi l'unanimité sociale contre eux, un ordre, une hiérarchie, des différences culturelles. ce qui permet donc de contenir envies et débordements mimétiques jusqu'à la prochaine crise.
Principe du chef : consiste à prendre l'initiative de désigner des boucs émissaires tous azimuts pour rétablir l'ordre et affirmer son pouvoir au risque que les choses se retournent contre vous.
Principe démocratique : accroît, par le principe du nombre, la concurrence mimétique pour le pouvoir au sein d'un groupe, mais avec la difficulté de diaboliser l'autre et donc de désigner des boucs émissaires et donc de s'affirmer comme chef.
Principe mimétique : nobody's innocent : principe de réalité de la relation humaine; principe de réciprocité où chacun peut passer d'un rôle à l'autre selon les situations ou circonstances, mais dont on peut limiter les effets néfastes et violents si on en prend conscience, non seulement pour les autres, mais aussi pour soi même. (Commentaire du 5/11/2011 : certains usent également en pleine conscience, cyniquement, des principes mimétiques).
Boucs émissaires (vrais ou faux, douteux, coupables ou innocents, de circonstance ou pas) : ex : ... exilés tchèques, polonais ou italien ..; pèlerin libanais en Arabie Saoudite ... étudiante française en Iran ... femmes non voilées et éduquées chez les talibans ... une femme en burqa (on peut toujours argumenter autrement) ... des violeurs et des assassins (rien de nouveau sous le soleil; mais c'est évidemment condamnable) ... Gargantua chez les Picrocholins ... Gulliver chez les Liliputiens ... Moby Dick dans l'océan ... de vielles lunes chiraquiennes ... une baudruche pasquaïenne .... un original ... des libertaires de Tarnac ... un 1er ministre paratonnerre ... qui créent le trouble et créent la confusion tandis que le chef de bande tente de préserver son trône au-dessus du nuage de fumée.
Mimesis positive : la DDHC de 1789 ou l'"anarchie" de l'abbaye de Thélème posée en exemple dans un monde mimétique (ex : une communauté libertaire à Tarnac ou une famille de comédiens).
Mimesis négative : l'apocalypse révélée au-dessus de laquelle est bâtie l'abbaye de Thélème.
Apocalypse : non pas la fin du monde, mais la révélation ou la prise de conscience d'une crise mimétique généralisée, mondialisée, où éléments humains, économiques, naturels viennent à se confondre. Cf. René Girard bien sûr, mais aussi Arthur Rimbaud ("Qu'est-ce pour nous mon coeur...").
Maîtres corbeaux : laissent tomber, médiatement ou immédiatement, leur "fromage" d'intelligence pratique et compassionnelle si on les flattent ou qu'on touche leur honneur ou leur conscience.
Débordements mimétiques : quand le sport ou l'argent ne canalisent plus la violence, mais l'avivent.
Principe de vie : quand on le peut, citer ses sources, éviter l'exploitation clandestine et se moquer des bourreaux; des idées à "creuser"."
Commentaire du 5/11/2011 : pour une analyse de "Gargantua" de Rabelais et de "Qu'est-ce pour nous mon coeur..." de Rimbaud, voir : Philippe Prunet et Eric Da Silva, "Peer Gynt d'Ibsen. Essai d'anthropologie théâtrale", 1995/2009.
Bande à part (1964) de Jean-Luc Godard : avec Claude Brasseur, Anna Karina et Sami Frey. Source image intermédiaire : Studio des Ursulines.
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 20 novembre 2009, 6 novembre 2011 et 17 juin 2022.
Comment les sympathies pro-allemandes de Reza Khan Pahlavi entraînent en 1941 sa déposition (au profit de son son fils Mohammad Reza) par les Russes et les Britanniques qui occupent le pays. Comment se tient à Téhéran en 1943 l'une des premières grandes conférences interalliées. Comment le maintien des troupes soviétiques au Nord de l'Iran jusqu'en 1946 constitue l'une des premières causes de tensions internationales de l'après-guerre entre "Occidentaux" et Soviétiques . Comment en 1951 Mossadegh (leader "tiers-mondististe" avant la lettre ?) est le principal initiateur de la nationalisation des pétroles d'Iran : déclenchant ainsi une crise internationale avec la Grande-Bretagne qui à travers l'AIOC (après l'APOC) contrôlait l'exploitation du pétrole en Iran depuis le début du XXe.s. Comment en 1953 un coup d'Etat permet d'ouvrir la voie à l'influence américaine en Iran jusqu'en 1979.
"Bed peace" ? Mossadegh (une autre figure de l'Iran) ou la "diplomatie en pyjama"....
(Source image : Wikipédia)
Focus : Mossadegh, initiateur de la nationalisation des pétroles iraniens en 1951, avait pris l'habitude de recevoir ses interlocuteurs dans son lit.
Le Time du 27 août 2013.
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : novembre 2019 et 11 juin 2022.
<< Non, non, je ne parle pas de faits "inscrits dans les étoiles", ni même d'avenir... mais de choses beaucoup plus terre à terre et ordinaires... de micros, de caméras, de renseignements généraux, de télésurveillance, de téléréalité, de filatures, de balises... de désirs, d'envies, de jalousies, de bêtise brute, de voyeurisme, de dissection... de harcèlement, de lynchage... de presse, de public, d'omerta, d'usurpations, de manipulations... le tout bien souvent enrobé d'un prêchi-prêcha moralisateur ou de jugements péremptoires... >>
Affiche de Conversation secrète (1974) de Francis Ford Coppola
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 16 avril 2016 et 11 juin 2022.
"(...) Mieux vaut que je m'en tienne au silence d'Harponate : je crains que quelque dieu corcycéen ne nous entende exposer des choses que Momus lui-même n'a pas pu formuler à haute voix".
Claude Barousse note en complément dans sa traduction de l'Eloge de la Folie d'Erasme (éditions Babel, 1994, XV) qu' "il y avait sur le mont Parnasse, où séjournent les dieux, la grotte de Corcycus, poste d'écoute pour les curieux".
Le monde, depuis Erasme, (mais tel que peut le décrire aussi déjà James Ellroy dans le Los Angeles des années cinquante) semble s'être transformé en une vaste "chambre" de communications... et d'écoutes... Ce qu'évoque aussi dès 1979 la chanson Gangsters des Specials avant que ne se développent encore plus, ces derniers temps, les moyens de communication.. et de "contrôle" dirait Deleuze...
Dan sa présentation de l'édition, Claude Barousse conclut :
"Malraux prophétisait qu'Erasme serait 'le philosophe du XXIe siècle'. Le fait est que lire l'Eloge de la Folie, cela ressemble à la visite d'un 'lieu de mémoire' : on y prend appui sur le passé pour mieux inventer l'avenir. Et qui plus est, en s'amusant : Erasme a les vertus d'un antidépresseur."
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 23 novembre 2019 et 11 juin 2022.
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Idée de ce blog : fixer et trouver un lieu de publicité pour un certain nombre de textes que j'ai fait passer via le net, au fil de l'actualité (la mienne, celle autour), ces trois dernières années. Trouver la verve pour en écrire d'autres et combler ainsi une forme de vocation journalistique; même si tout cela n'est qu'épisodique, sommaire, irrégulier et ne joue que sur une partie de la gamme.