Pour Henri Meschonnic, en référence notamment aux évolutions de la langue française, un ordre "cosmique" est un monde qui se fige dans des règles strictes et un ordre d'exclusion. Il fait même référence à Gombrowicz qui critique "la poétisation de la poésie" ou "l'attitude religieuse" (cf. H. Meschonnic, "La poétique pour l'historicité" in. Langage histoire, une même théorie, Verdier, 2012, p.113).
A l'opposé, le "Cosmos" de Gombrowicz, tel qu'il est en germe dans son roman éponyme, est un monde foisonnant et en mouvement de formes et de combinaisons multiples.
Dans Le Pli (Paris, Editions de minuit), essai à propos du Baroque et de la philosophie de Leibniz, Gilles Deleuze utilise la notion de "chaosmos" en faisant référence en particulier à Gombrowicz :
"Pour Whitehead (et pour beaucoup de philosophes modernes), au contraire, les bifurcations, les divergences,les incompossibilités, les désaccords appartiennent au même monde bigarré, qui ne peut plus être inclus dans des unités expressives, mais seulement fait ou défait suivant des unités préhensives et d'après des des configurations variables, ou des captures changeantes. Les séries divergentes tracent dans un même monde chaotique des sentiers toujours bifurquant c'est un 'chaosmos', comme on le trouve chez Joyce, mais aussi chez Maurice Leblanc, Borges ou Gombrowicz."
Il note : "On se reportera notamment au jeu des séries divergentes dans Cosmos de Gombrowicz."
Vincent Van Gogh, Nuit étoilée, 1889 (MoMA, New York).
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 7 novembre 2019 et 26 juin 2022.