Philippe Caubère... dans La danse du diable... racontait (en un seul homme et mille et un personnages) tous les modèles et sources d'inspiration de son enfance... de Johnny Hallyday... jusqu' à Sartre et Mauriac... Mais quel rapport entre eux...? Lui et l'époque... Plus tard, il relata sa vie de comédien au Théâtre du Soleil et ses expériences de travail avec Ariane Mnouchkine qui le fit jouer Molière au Cinéma... Modèles de vie, modèles d'inspiration... modèles obstacles...? Il s'en libère... en les racontant... et en menant sa propre aventure.... (individuelle ? personnelle ? j'attends qu'on m'explique à la télé ou ailleurs le choix de certains mots)... théâtrale... ouverte au Monde... Danse du "diable" dans le sens d'une expérience artistique créatrice... et non pas de simple copiage ou "co-pillage"...
Cette aventure faite de modèles ou de "modèles obstacles" (quand il y a concurrence dans la vie... cf. René Girard)... c'est l'idée de modèles fondateurs qui marquent ou initient une vie... Tel, pour les conquérants, Alexandre le Grand, qui a lu l'oeuvre d'Homère ou qu'on lui a racontée... et qui, sur les traces d'Achille, se lance à la conquête de l'Orient... Et ainsi de suite... les "conquérants" prenant modèles les uns sur les autres à travers les âges... Patrick Boucheron en a fait le thème d'une émission sur "le tombeau d'Alexandre"; mais sans se référer à René Girard...
De ces modèles... on peut retenir aussi l'idée d'un combat initiateur... Sur le plan littéraire, dans Peer Gynt, c'est un combat, une lutte avec un bouc, lors d'une partie de chasse, qui donne à Peer la volonté et l'envie de partir à l'aventure... Idée "romantique" d'une nature "libre" et de ses animaux qu'on ne peut pas contraindre... Mais Peer Gynt, bien qu'il se croit libre et veuille à tout prix préserver son identité individuelle (ou personnelle)... devenir "empereur", si ce n'est du Monde", "empereur du soi-même"... finit par s'identifier à mille et un modèles au gré de ce qu'on lui a raconté dans son enfance ou de ses expériences, de sa vie...
On retrouvera l'idée d'un duel fondateur dans l'enfance... cette fois-ci avec un corbeau... dans les mémoires du corsaire anglais John Trelawnay... avec toute une vie d'aventures, de combats... existence marquée par des "modèles" et des "modèles obstacles"... Peut-être qu'Ibsen avait lu les mémoires de Trelawnay quand il écrivit Peer Gynt...
Sur le plan théâtral et la mise en scène de mille et un modèles, on retiendra également l'expérience d'Eric Da Silva... qui a monté Peer Gynt au Théâtre de Gennevilliers en 1995... et qui, avec Je deviens Jimi Hendrix, s'est mis en scène lui-même... traversé par une multitude de personnages ou de modèles... tels Jimi Hendrix ou Marilyn Monroe... Mais plutôt que la notion de "modèles mimétiques", il a été inspiré surtout par celle de devenir chez Gilles Deleuze... Gilles Deleuze qui a aussi diagnostiqué le devenir de nos sociétés en "sociétés de contrôle".... A un moment où téléréalité et télé surveillance, toutes les formes de veilles ou de veillances finissent par se confondre... où la Toile et l'informatique dominent les communications... où domine également la "transparence"de tout à chacun à son insu ou de son plein gré... au-delà de la personne ou de l'individualité... ne serions nous pas tous devenus que de simples "dividulalités" en perte d'identités.... ou bien, dans la mesure où l'on se regroupe, des "divisions" plus ou moins armées ou fonctionnelles... ou bien encore, au final, que de simples petites "choses publiques" aux yeux et aux oreilles du Monde...? Sic transit... Mais ces situations là, peut-on encore s'en moquer...?
Blog de Philippe Prunet (Overblog) : 16 mai 2021.